Nommé professeur des universités en septembre dernier, Jiad Mcheik est chirurgien au sein du service de pédiatrie du CHU de Poitiers. Originaire de Beyrouth au Liban, Jiad Mcheik débute ses études de médecine à Bordeaux en 1985. Il réalise son internat entre 1991 et 1997, et poursuit son cursus comme chef de clinique assistant. En parallèle, il obtient un DES de chirurgie générale infantile ainsi qu’un DES de chirurgie plastique pédiatrique. Jiad Mcheik se spécialise dans la réparation des fentes labiales chez les enfants. En 2001, il devient chirurgien des hôpitaux et arrive au CHU de Poitiers. Il collabore aussi avec le laboratoire inflammation, tissus épithéliaux et cytokines (LITEC) sur la thérapie cellulaire.
Professeur Mcheik, vous êtes spécialiste de la réparation des fentes labio-palatines. De quoi s’agit-il ?
La fente labio-palatine est un défaut de fusion très précoce de bourgeons faciaux. Cette malformation affecte la lèvre, la gencive au niveau du futur emplacement des incisives latérales, le palais et le voile. Une fente labio-palatine peut être partielle ou totale, unilatérale ou bilatérale. C’est quelque chose que l’on détecte durant l’échographie morphologique anténatale. Au CHU, nous assurons un suivi multidisciplinaire pendant la grossesse. Notre centre est réfèrent dans la grande région Nouvelle-Aquitaine, en collaboration avec les CHU de Bordeaux et Limoges. Cette prise en charge multidisciplinaire se déroule en collaboration avec le centre de diagnostic anténatal (Dr Goua, Dr Marechaud), le service de génétique, le service de chirurgie cervicofaciale (Dr Lebreton, Dr Girault, Pr Dufour), les orthophonistes (Mme Baudequin, Mme Martin) et les orthodontistes.
Quel est le traitement que vous proposez pour les enfants atteints ?
Au CHU de Poitiers, nous proposons la réparation néonatale précoce de la fente labiale. Nous détectons en anténatal très tôt cette anomalie, ainsi nous pouvons programmer l’intervention dès la deuxième semaine de vie. Nous gardons la maman et son bébé deux nuits à l’hôpital. Pendant la croissance de l’enfant, nous procédons à une surveillance multidisciplinaire jusqu’à l’âge adulte. Après une réparation, l’enfant aura besoin d’un suivi d’orthodontie, oto-rhino-laryngologique et orthophonique.
Parmi vos activités en chirurgie plastique pédiatrique, pouvez-vous nous évoquer d’autres pathologies chez l’enfant ?
Oui, nous pouvons évoquer les brûlures car ce sont des accidents fréquents chez les jeunes enfants. Très souvent, ces brûlures sont dues à un ébouillantement dans la cuisine du domicile. Nos travaux de recherche dans le laboratoire le LITEC, en collaboration avec le Pr Lecron et le Pr Morel à l’université, et en collaboration avec le laboratoire Bioalternatives, portent sur la greffe cellulaire kératinocytaire chez les enfants brûlés. Et nous souhaitons démarrer un programme hospitalier de recherche clinique national multicentrique intitulé KERAGRAFT concernant cette greffe cellulaire. Dans le même cadre, nous assurons, avec le service de dermatologie (Dr Hainault), la prise en charge dermato-chirurgicale des pathologies comme les naevi, les angiomes… Et à travers cette activité, nous comprendrons les collaborations naturelles et complémentaires avec le service de chirurgie plastique adulte.
Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur la greffe cellulaire kératinocytaire ?
Oui, nous exploitons la peau du prépuce pour obtenir après une digestion enzymatique les cellules kératinocytaires. Il s’agit d’obtenir une suspension de cellules de peau en moins de 24h. Ensuite, nous greffons les cellules sur la surface brûlée. Avec la transplantation de kératynocites préputiales autologues, nous greffons plus de surface brûlée avec une très bonne qualité de cicatrisation.
En dehors de votre activité de chirurgie plastique pédiatrique, vous intervenez dans d’autres domaines ?
Oui, je suis avant tout chirurgien pédiatrique dans le service médico-chirurgical de pédiatrie. Avec mes collègues chirurgiens (Pr Levard, Dr Parmentier, Dr Grella), nous assurons la prise en charge des pathologies chirurgicales pédiatriques dans les domaines viscérales et urologiques. Le CHU de Poitiers est un centre de recours pour le Poitou-Charentes, aussi il est important de renforcer notre présence sur le territoire tout en gardant une étroite collaboration avec Bordeaux et Limoges.