Le Pr Matthieu Boisson, anesthésiste-réanimateur, est le responsable du pôle récemment constitué : le pôle blocs opératoires, réanimations, anesthésie. Il nous expose la genèse et nous présente les grandes lignes de cette organisation.
Qui êtes-vous Pr Matthieu Boisson ?
Je suis médecin anesthésiste-réanimateur. J’ai fait mes études de médecine à la faculté de Poitiers, ville d’où je suis originaire. J’ai ensuite effectué mon internat dans le service d’anesthésie-réanimation qui était alors sous la responsabilité du Pr Bertrand Debaene. J’ai enchaîné sur un poste de chef de clinique puis j’ai été nommé maître de conférences-praticien hospitalier en 2019. En 2021, je suis parti pendant un an en mobilité dans les hôpitaux universitaires de Genève, en Suisse, pour travailler sur ma thématique de recherche qui est la prévention des infections associées aux soins. J’ai été nommé professeur des universités-praticien hospitalier en 2022.
Présentez-nous le pôle BOREAL ?
Il s’agit du pôle blocs opératoires, réanimations, anesthésie dont l’acronyme BOREAL a été celui sélectionné par la majorité des professionnels. Il comprend les blocs opératoires de la Milétrie et de Châtellerault, le centre d’explorations et de thérapeutiques interventionnelles (CETI), l’unité de chirurgie ambulatoire (UCA), la clinique chirurgicale, le service d’anesthésie-réanimation et médecine péri-opératoire (SARMPO) et la médecine intensive réanimation (MIR). C’est l’un des pôles les plus importants du CHU de Poitiers avec plus de 750 professionnels. Le Pr Aurélien Binet, chirurgien pédiatre, est le chef de pôle adjoint, Nadine Blugeon la directrice référente, Laurence Joulain et Fabienne Etourneau en sont les cadres supérieures de santé : la première assure la gestion des blocs opératoires, la seconde, celle des soins critiques. À l’image du service d’anesthésie-réanimation et médecine périopératoire, le pôle sera un pôle territorial.
Pourquoi ce nouveau pôle a-t-il été créé ?
L’objectif était de regrouper les activités d’anesthésie et de réanimation, ainsi que les professionnels médicaux et paramédicaux de ce domaine au sein d’un même pôle. Nous faisions jusqu’alors partie du pôle urgences-SAMU-SMUR-anesthésie-réanimation alors qu’une partie de nos activités se faisait dans le pôle des blocs opératoires. Alors que plus de la moitié de nos praticiens ont une activité partagée, il était inenvisageable de séparer l’anesthésie de la réanimation. De plus, ces deux activités ont un lien étroit avec les plateaux techniques. La constitution de ce nouveau pôle prend donc tout son sens.
Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter cette nouvelle responsabilité ?
Lors de la proposition de constitution de ce nouveau pôle, le Pr Denis Frasca, chef de service du SARMPO ne souhaitait pas cumuler les fonctions. Pour ma part, j’étais volontaire pour assumer cette responsabilité et m’engager dans cette nouvelle mission. J’ai toujours eu un engagement institutionnel fort, tout d’abord en tant que représentant des internes, puis en tant que représentant des chefs de clinique au sein de la commission médicale d’établissement. Il m’a donc paru légitime de participer à la gouvernance de l’hôpital en acceptant cette mission de chef de pôle. Je désirais, d’une part, porter des projets médico-soignants et, d’autre part, redonner de la visibilité aux anesthésistes-réanimateurs.
Quels sont vos enjeux pour les mois à venir ?
Ils sont nombreux. L’un des premiers enjeux sera de faire en sorte que les blocs opératoires et les soins critiques du pôle retrouvent leur capacité d’activité et donc de service rendu à la population, d’avant covid. Par manque de ressources médicales et paramédicales, nous avons dû fermer des lits, des vacations opératoires. Il est indispensable de retrouver cette capacité de prise en charge des patients dans les meilleurs délais. Le deuxième enjeu porte sur la territorialisation du pôle, mentionnée plus haut. Il s’agira de maintenir une offre de soin sur toute la Vienne en profitant de l’ensemble des ressources de sites. Nous devons être en mesure d’accompagner les services de chirurgie par une territorialisation de leurs activités. Nous avons ensuite cinq projets phares inclus dans notre proposition de contrat de pôle : la mise en œuvre de la réforme des soins critiques, réforme qui vise à renforcer la sécurité des soins critiques par des obligations réglementaires plus strictes tout en garantissant une meilleure capacité d’accueil en cas de nouvelle crise sanitaire ; le regroupement de l’activité pédiatrique au sein du bloc opératoire, exigence de sécurité et nécessité pour répondre à la demande régionale ; l’amélioration des parcours patients avec notamment le patient 3D (debout, digne, détendu) et la réhabilitation accélérée après chirurgie en salle de réveil, la modernisation de l’unité de chirurgie ambulatoire ; la création d’un hôpital de jour anesthésie-réanimation afin de mettre en œuvre le Patient Blood Management (prévention de l’anémie et de la transfusion périopératoire) et la prise en charge des syndromes post-réanimations.
Qu’avez-vous retiré de la formation au management dispensée par l’école des hautes études en santé publique ?
J’ai, effectivement, suivi la formation cette année. Elle m’a énormément apporté tout d’abord sur le plan des connaissances ; des connaissances à la fois sur le milieu hospitalier, la gestion des équipes et la conduite de projets. Elle a également représenté pour moi une très belle expérience humaine. J’ai rencontré des professionnels du CHU de Poitiers et d’autres établissements de la région Nouvelle-Aquitaine que je ne connaissais pas. Nous avons beaucoup échangé, ce qui nous a permis de nous rendre compte que nous rencontrions les mêmes problématiques. Cette formation a vraiment été l’une de mes plus belles et riches expériences professionnelles et humaines. Je la recommande à tous ceux qui souhaitent s’investir au CHU de Poitiers.
Comment faites-vous pour concilier activité médicale, enseignement, recherche et responsabilités institutionnelles ?
Cela demande pas mal d’heures de travail et un peu d’organisation. Ce n’est pas toujours facile. Il faut essayer de se fixer des priorités et faire les choses les unes après les autres.