Le CHU de Poitiers fait partie des quelques rares centres hospitaliers de France à disposer d’une IRM per-opératoire. Installée au centre cardiovasculaire, jouxtant la salle multimodale en neurochirurgie, l’IRM 3 Tesla* permet d’optimiser le geste chirurgical dans l’exérèse de certaines tumeurs cérébrales. Explications.
C’est en juin dernier qu’a été réalisée la première opération faisant appel à l’IRM 3 Tesla per-opératoire au CHU de Poitiers. La montée en charge a été progressive. Aujourd’hui, trois opérations par semaine sont réalisées au centre cardio-vasculaire avec cet outil d’exception. Au CHU, le choix a été fait de ne pas dédier exclusivement l’IRM 3 Tesla au bloc opératoire. Au sein du plateau technique du centre cardio-vasculaire, la salle IRM jouxte le bloc dédié à la neurochirurgie. L’objectif ? Offrir un temps d’utilisation de l’IRM plus large afin de le dédier également aux activités de diagnostic et à la recherche, en lien avec le laboratoire Dactim.
“L’IRM per-opératoire, utilisé uniquement en neurochirurgie dans les cas de tumeurs cérébrales, est un moyen de contrôle supplémentaire permettant au chirurgien de visualiser si la totalité des tissus tumoraux ont été enlevés. Et si un reliquat tumoral est visualisé, il peut être enlevé dans le même temps opératoire, ce qui est une avancée pour le patient, sachant que la survie est indexée sur le volume de tumeur enlevé”, rappelle le Pr Michel Wager, neurochirurgien.
En chirurgie éveillée ou non
“Il faut souligner la volonté d’excellence du CHU de Poitiers dans l’exérèse des tumeurs cérébrales, qui concilie à la fois l’angle fonctionnel et l’approche basée sur l’imagerie. Le centre cardiovasculaire dispose d’un bloc dédié à la chirurgie éveillée mais aussi d’un plateau technique d’imagerie remarquable, avec une IRM à haut champ et un échographe per-opératoires.”
L’IRM per-opératoire peut être utilisé en chirurgie éveillée mais également pour des patients ne nécessitant pas d’éveil opératoire, dans le cas d’adénomes hypophysaires ou de méningiomes de la base du crâne par exemple. “Ces tumeurs sont parfois millimétriques. L’image en cours d’intervention permet de vérifier qu’il ne reste plus de tumeur. Grâce à l’IRM, le chirurgien complète le geste opératoire si besoin. Pour la chirurgie des gliomes, dans les cas de chirurgie éveillée, et même si on va aux limites fonctionnelles de l’exérèse, l’IRM per-opératoire permet de valider et d’optimiser le geste”, poursuit le Pr Wager.
“Ce que l’on peut faire de mieux”
La procédure opératoire est formalisée. Le patient est installé au bloc comme pour une intervention classique mais positionné sur un plateau de transfert a-magnétique qui sera compatible avec l’IRM. Le chirurgien procède à une fermeture transitoire du champ opératoire afin de réaliser l’IRM. Soit il apparaît nécessaire de compléter le geste, soit le chirurgien procède à la fermeture définitive du champ. Les suites opératoires sont identiques. “Ce “contrôle qualité” permet de vérifier de façon certaine le geste effectivement réalisé avant de réveiller le patient, et plusieurs études médicales montrent aujourd’hui que c’est en procédant de cette façon que sont réalisées les exérèses tumorales les plus complètes”, appuie le Pr Wager.
“L’utilisation de l’IRM per-opératoire n’est pas pertinente pour tous les patients”, rappelle le neurochirurgien. Compte tenu de l’importance des ressources mises en jeu pour utiliser cet équipement de pointe, l’équipe médicale apprécie quels sont les patients pour lesquels le bénéfice attendu est significatif.
Le premier IRM per-opératoire en France a été inauguré en 2014 au CHU de Lille. Poitiers fait aujourd’hui partie des rares CHU de France à posséder cet équipement de haute technologie. C’est le seul centre hospitalier de France à être équipé d’un IRM per-opératoire 3 Tesla.
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* L’IRM 3 Tesla du CHU de Poitiers a été financée avec le soutien de l’Union européenne via le programme Feder.